Anne MARKYSE

Les ressuscités

Que chanterait le grand Léo S'il revenait hanter nos scènes vides Et nos théâtres sans lumières?
Cime des arbres

Que chanterait le grand Léo
S’il revenait hanter nos scènes vides
Et nos théâtres sans lumières?
Que dirait-il de cette vie d’artiste
Reléguée aujourd’hui à des lendemains
Qui n’en finissent pas de se faire espérer?
Qu’écrirait-il dans ses cahiers de chants
En attendant le retour des grands soirs?

Que nous murmurerait Barbara,
Et sa petite gueule d’amour,
Si elle trouvait porte close
Dans nos salles des ventes,
Et si son lit en bois de palissandre
Était en sursis pour un acheteur en ligne ?
Pleurerait-elle avec nous
Sur nos passés perdus?

Que nous diraient Georges et ses amis
S’ils nous voyaient avancer, tous masqués
Au grand bal des damnés?
Quels mots auraient-ils pour nos coeurs
Étriqués sous nos peurs ?
Auraient-ils le verbe cynique
Pour nous rappeler que c’est de mort lente
Qu’il faut mourir pour des idées?

Quel chemin pour les vieux de Jacques
Du fauteuil au lit, et puis du lit au lit
S’il est vrai qu’aujourd’hui
C’est “vaccinés ou confinés”
Que nos anciens ont gagné le droit de respirer
Dans des chambres
Rien de moins qu’antichambres
Avant que ne s’arrête le balancier?

Et quel chant pour le Métèque
Qui, avant nous, trahit sa Liberté,
Mais qui eut le panache de le faire
Pour une prison d’amour ?
Aurait-il de ri de nous
Et de notre peur en geôlière
De mauvais goût ?
Où est passée notre perle rare?

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